Arguments contre la foi chrétienne

Nous vivons dans une époque où le scepticisme envers la foi chrétienne et l'existence même de la personne de Dieu est devenu monnaie courante. Nous vous proposons d'examiner quelques-uns des arguments employés à ce sujet et d’offrir, bien humblement, quelques éléments de réponse à ceux-ci (1).

 

1. L'EXISTENCE D'UNE SEULE VRAIE RELIGION EST IMPOSSIBLE

Pour bien des gens, affirmer la supériorité d'une religion sur une autre est un principe arrogant et dangereux qui ne peut stimuler qu'un climat d'hostilité et d'intolérance. On préfère croire que toutes les grandes religions se valent et enseignent essentiellement la même chose. Bien que cette philosophie puisse sembler commode, elle présente à la base un problème fondamental ... c'est qu'il est impossible que toutes les religions aient raison en même temps. Les croyances sur lesquelles elles sont fondées sont trop différentes dans leur conception de Dieu pour donner de la valeur à une affirmation aussi large.

De plus, prétendre que toutes les religions se valent présente un autre défaut : celui de l'incohérence. Soutenir que les différences entre les religions n'ont pas d'importance constitue une croyance, il s'agit donc d'une doctrine. Conséquemment, il n'y a pas de raison pour croire que cette doctrine (qui accepte tout) soit meilleure qu'une autre (qui est exclusive). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'exclusivité du christianisme ne prône pas l'intolérance et la supériorité morale. Bien au contraire, elle incite plutôt ses fidèles à croire que des personnes appartenant à d'autres religions sont-elles aussi capables de bonté et de sagesse et même à ce que ces personnes puissent mener une vie moralement supérieure à la leur.

Dans l'optique chrétienne, Jésus ne nous dit pas comment vivre pour mériter le salut, Il est en fait venu pour nous pardonner et pour nous sauver en donnant sa vie en mourant à notre place. Jésus a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ... nul ne vient au Père que par moi ». L'exclusivité du christianisme ne s'adresse donc pas aux champions de la moralité mais bel et bien à ceux qui reconnaissent ne pas réussir à bien agir et admettent ainsi avoir besoin d'un Sauveur.

 

2. UN DIEU QUI EST BON NE PERMETTRAIT PAS LA SOUFFRANCE

Certains estiment que la souffrance est un problème philosophique qui remet en cause la personne de Dieu. Le mal et la douleur seraient ainsi des preuves à charge contre Dieu car si ce qui me fait mal me paraît inutile, cela doit forcément l'être. Cet argument contre Dieu ne tient pas pour diverses raisons.

Tout d'abord, si vous avez un Dieu suffisamment grand et transcendant pour susciter votre colère parce qu'il n'a pas fait cesser le mal et la souffrance dans le monde, alors vous avez (simultanément) un Dieu suffisamment grand et transcendant pour avoir de bonnes raisons inconnues de vous, de permettre que le mal et la souffrance continuent d'exister. Vous ne pouvez pas avoir l'un sans l'autre.

Selon l'écrivain CS Lewis, les objections modernes émises à l'encontre de Dieu se fondent sur un sentiment d'équité et de justice. Les êtres humains, croyons-nous, ne devraient ni souffrir, ni être exclus, ni mourir de faim ou à cause de l'oppression. Or, le mécanisme évolutionniste de sélection naturelle (dans lequel notre monde croit) dépend de la mort, de la destruction et de la violence des forts envers les faibles. Est-ce que le monde rejette cette conception des origines pour autant?

Non. Pourquoi alors développer cet argument en défaveur de l'existence de Dieu? Celui qui ne croit pas en Dieu ne dispose pas d'une bonne base logique pour être outré par l'injustice. Le chrétien par contre possède une base spirituelle solide afin d'affronter le mal, la souffrance et la douleur. Le philosophe Peter Kreeft observe à ce sujet que le Dieu des chrétiens est venu délibérément sur terre pour avoir affaire lui-même à la souffrance humaine.

En Jésus-Christ, Dieu a expérimenté la plus profonde des souffrances. Il s'est départi alors d'une partie de lui-même pour intervenir en faveur d'une humanité coupable. C'est pourquoi, bien que le christianisme ne fournisse pas la raison de chaque expérience douloureuse, il offre d'importantes consolations pour affronter le malheur avec espérance et courage plutôt que de le subir avec amertume et désespoir.

 

3. LE CHRISTIANISME EST UNE CAMISOLE DE FORCE

La croyance en une vérité absolue est-elle l'ennemie de la liberté? La plupart des gens le pensent et croient avoir la conviction que chaque individu doit déterminer quelle est sa propre vérité. Le problème, c'est que l'être humain n'est pas une île déserte et que, par définition, une communauté ne peut pas être complètement inclusive.

Ce rêve n'est en fait qu'une illusion car une communauté est implicitement fondée sur des croyances communes qui jouent le rôle de frontières et qui ont pour résultat d'inclure certaines personnes et en exclure d'autres. Toute communauté qui ne tiendrait pas ses membres redevables des croyances et des pratiques qui lui sont communes ne pourrait que voir son identité collective perdre de son lustre.

Trop souvent, le christianisme est considéré comme culturellement rigide et un ennemi du pluralisme et du multiculturalisme. En réalité, le christianisme s'est mieux adapté aux diverses cultures (et les a peut-être moins détruites) que le laïcisme et de nombreuses autres doctrines. Pourquoi? Eh bien, c'est parce que le christianisme offre une grande liberté en ce qui a trait à la manière dont les absolus doctrinaux s'expriment et prennent forme dans chaque culture. Il n'y a pas de culture chrétienne car toute culture humaine a reçu de Dieu des atouts et des forces distinctes qui participent à son enrichissement.

On reproche souvent au christianisme de limiter notre croissance et notre potentiel en nous contraignant à choisir nos croyances et nos pratiques. Toutefois, dans les faits, les limites et les contraintes sont plutôt un moyen de se libérer lorsqu'elles sont en accord avec notre nature et nos capacités. Un poisson par exemple, parce qu'il absorbe l'oxygène de l'eau et non celui de l'air, n'est libre que s'il reste dans la limite de l'eau. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour notre croissance spirituelle et morale?

La question qui demeure par contre est celle-ci : quelle est la réalité morale et spirituelle que nous devons reconnaître pour pouvoir nous épanouir? Quel est l'environnement dans lequel nous nous sentons le plus libre si ce n'est celui... de l'amour. L'amour est la perte de liberté la plus libératrice qui soit. Pour connaître la joie et la liberté de l'amour, vous devez renoncer à votre autonomie... et pourtant c'est dans ce genre de relation que les êtres humains se sentent le plus libres et le plus vivants.

La liberté n'est pas l'absence de limites et de contraintes mais plutôt la découverte de bonnes restrictions, celles qui correspondent à notre nature et qui nous libèrent. Sur la croix, Jésus s'est volontairement rendu serviteur et a remis sa vie entre les mains de son Père. Il s'est littéralement donné pour nous afin de vaincre le péché et nous en rendre libres, par amour pour Dieu et par amour pour nous. Lorsque vous vous rendez compte à quel point Jésus s'est chargé et s'est donné pour vous, vous n'avez plus peur d'abandonner votre liberté pour trouver votre liberté... en lui.

 

4. L'ÉGLISE EST RESPONSABLE DE TANT D'INJUSTICES

On entend souvent dire que l'histoire de l'Église montre qu'elle a encouragé l'injustice et détruit des cultures, qu'elle est également l'auteur de bien des guerres, des génocides et de mille et un autres drames. Tout cela semble indiquer que la religion exacerbe, plus souvent qu'autrement, les différences humaines au point d'entraîner la violence et même la cruauté.

Cette façon de considérer les choses pose cependant problème. En effet, on peut remarquer que plus une société se laïcise ou rejette simplement l'existence de Dieu... cela ne l'empêche pas de se livrer à des saccages monstrueux. Les exemples soviétiques, chinois et cambodgiens sont là pour le démontrer. Certes, la violence perpétrée au nom du christianisme est une réalité terrible et elle se doit d'être évoquée et éradiquée. Rien ne la justifie. Toutefois, les actes de violence et de guerre accomplis au sein d'une société ne constituent pas nécessairement la réfutation des croyances dominantes de cette société.

La religion n'est pas en effet responsable des abus que les humains en ont fait car il ne s'agit plus alors de la religion, mais d'un faire-valoir pour servir les intérêts de personnes peu scrupuleuses. Le fanatisme n'est pas constitué de gens qui suivent la religion (ou l'Évangile) de trop près... au contraire, ils en sont trop éloignés.

La Bible elle-même nous enseigne que nous devrions nous attendre aux abus de la religion et elle nous a également expliqué comment réagir face à eux. L'histoire de l'humanité est remplie d'exemples où le christianisme a lutté contre l'injustice. Par exemple, des chrétiens ont lutté en faveur de l'abolition de l'esclavage et des droits civiques pour les Noirs en Amérique. L'antidote au racisme n'est donc pas moins de christianisme, mais un christianisme plus profond et plus sincère.

 

5. UN DIEU AIMANT N'ENVOIE PAS LES GENS EN ENFER

La croyance la plus fondamentale de la culture occidentale se résume ainsi : « la vérité morale est relative à la conscience individuelle. » Cette culture n'a par conséquent aucun problème avec un Dieu d'amour qui nous soutient et nous aime quelle que soit la façon dont nous vivons. En revanche, elle s'oppose fortement à l'idée d'un Dieu qui punit les gens pour leurs croyances sincères qui seraient erronées.

Pourquoi? Pourquoi sommes-nous choqués par l'image d'un Dieu qui juge et ne le sommes-nous pas par l'idée d'un Dieu qui pardonne? Dans d'autres cultures, c'est exactement l'inverse qui se produit. Comment peut-on alors comprendre tout cela de manière objective? Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que toutes les personnes aimantes sont parfois remplies de colère non pas malgré leur amour, mais à cause de cet amour. La colère en effet n'est pas le contraire de l'amour, c'est plutôt la haine et l'indifférence qui le sont.

La Bible nous dit à ce sujet que la colère de Dieu découle de son amour pour sa création et du plaisir qu'il trouve en elle. Il est en colère contre le mal et l'injustice qui détruisent la paix et l'intégrité de son ouvrage. Miroslav Volf, la philosophe croate, en vient à la conclusion que c'est l'absence de croyance en un Dieu punitif qui nourrit secrètement la violence. Si quelqu'un ne croit pas en un Dieu qui finira par redresser la situation, il va être lourdement tenté de prendre l'épée lui-même. En fait, la doctrine du jugement dernier est nécessaire pour apprendre aux hommes à aimer et à devenir des artisans de paix.

En bref, l'enfer est simplement l'identité qu'un être humain choisit librement d'avoir en dehors de Dieu. En chacun de nous, il y a quelque chose qui grandit (le péché) et qui sera l'enfer s'il n'est pas tué dans l'œuf. Voilà pourquoi dépeindre Dieu en train de jeter des gens dans un abîme d'où ils crient : « Je suis désolé ! Laisse-moi sortir ! » est une déformation de la réalité. Tout ce que Dieu fait aux gens à la fin, c'est leur donner ce qu'ils désirent le plus, y compris le droit de ne pas lui être soumis.

Croire en un Dieu qui aime, accepte tout le monde et ne juge personne est un puissant acte de foi. Non seulement il n'y a pas de preuve de l'existence d'un tel Dieu dans le monde naturel, mais en plus, presque aucun texte historique ou religieux ne confirme cette idée. Plus on considère cette pensée d'un Dieu qui aime sans juger, moins elle semble fondée.

 

6. LA SCIENCE DÉMONTRE LA FAUSSETÉ DU CHRISTIANISME

La science en général, et l'évolutionnisme en particulier, a rendu la croyance en Dieu inutile et obsolète. On soutient par exemple souvent que vous ne pouvez pas à la fois être un penseur scientifique intelligent et avoir des convictions religieuses parce que la plupart des grandes religions croient aux miracles et à l'intervention de Dieu dans l'ordre naturel. Le postulat qui sous-tend cette déclaration est : « la science a prouvé que les miracles n'existent pas. » Il faut cependant faire preuve de foi pour émettre une telle opinion.

La science n'a en effet jamais démontré qu'il ne pouvait pas y avoir un type de causes autre que celle de l'observation de la nature pour expliquer certains phénomènes. Il n'existe pas de dispositif expérimental capable de tester l'affirmation : « aucun phénomène naturel ne peut avoir une cause surnaturelle. » Il s'agit par conséquent d'un présupposé philosophique et non d'une découverte scientifique.

S'il y a un Dieu créateur, la possibilité que les miracles existent n'a rien d'illogique. Après tout, il a créé à partir du néant, ce n'est donc pas un problème pour lui d'arranger certains éléments comme et quand il le désire. Pour être sûr que les miracles ne peuvent se produire, vous devez être certain, sans l'ombre d'un doute, que Dieu n'existe pas... ce qui constitue un acte de foi. L'existence de Dieu ne peut être ni prouvée ni réfutée par la démonstration.

L'évolutionnisme suppose que les formes de vie les plus complexes évoluent à partir de formes moins complexes grâce à un processus de sélection naturelle. Pourtant, il ne semble exister aucune démonstration actuelle de ce processus, les mutations conduisent vers la détérioration des gènes et non leur amélioration. D'autre part, il est possible que certains chrétiens croient dans cette théorie sans adhérer pour autant au naturalisme philosophique qui assure que tout a une cause naturelle et que la vie organique est uniquement le produit de forces aléatoires que personne ne guide.

Il y a quatre moyens de lier la science et la religion : le conflit, le dialogue, l'intégration et l'indépendance. Soumettre l'idée que la science et la religion s'opposent naturellement est donc un argument réducteur qui est difficilement défendable. La plupart des nombreux scientifiques athées le sont pour des raisons qui sont étrangères à leur science.

La question qui se pose donc est : « À quoi servent les miracles observés par exemple dans la Bible? » Eh bien, ils conduisent non seulement à une croyance cognitive, mais surtout à l'adoration, le respect et l'émerveillement envers la personne de Dieu et de Jésus. La Bible nous enseigne que Dieu n'a pas créé le monde pour que s'y installent la maladie, la faim et la mort... Jésus s'est donc servi de miracles pour rétablir l'ordre naturel des choses avant que le péché ne s'y introduise. Ses miracles ne sont pas uniquement des preuves de sa puissance, mais aussi un avant-goût merveilleux de ce qu'il va faire avec cette puissance dans l'avenir.

 

7. ON NE PEUT PAS PRENDRE LA BIBLE AU PIED DE LA LETTRE

La foi chrétienne exige une croyance dans l'autorité de la Bible et cela constitue pour bien des gens une énorme pierre d'achoppement. Par exemple, ces personnes vous diront que la Bible n'est pas digne de confiance parce que certaines parties sont impossibles à croire sur le plan scientifique, peu fiables sur le plan historique ou encore rétrogrades sur le plan culturel. Mais qu'en est-il exactement?

Selon une croyance populaire, la Bible serait une collection de légendes sans fondement historique. Il existe cependant plusieurs bonnes raisons d'estimer que les récits des Évangiles, par exemple, sont conformes à la réalité historique. Tout d'abord, les Évangiles sont apparus beaucoup trop tôt pour être considérés comme des légendes. Les Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) ont en effet été écrits au plus tard entre quarante et soixante ans après la mort de Jésus. Cela signifie que les récits bibliques concernant Jésus circulaient alors que des centaines de témoins des événements survenus au cours de son ministère étaient encore en vie.

Dans un second temps, le contenu des Évangiles est beaucoup trop contre-productif pour qu'il s'agisse d'une légende, car il nous offre à la fois une image qui est crédible historiquement de ce à quoi pouvait ressembler la société palestinienne, grecque, et romaine de l'époque de Jésus. Aussi, la forme littéraire employée pour la rédaction des Évangiles est beaucoup trop détaillée pour que l'on puisse leur attribuer le qualificatif de « légende ».

Du point de vue culturel, de nombreux textes jugés choquants peuvent être expliqués à l'aide d'un commentaire convenable qui replace la question soulevée dans son contexte historique. Certains textes en effet n'enseignent pas ce qu'ils semblent nous apprendre au premier abord. Une question que l'on peut également mettre en lumière est celle-ci : « en vertu de quoi pouvons-nous prendre la norme qui détermine actuellement ce qui est progressif pour en faire le fil de plomb qui nous permettra de décider quelles parties de la Bible sont valables et quelles parties ne le sont pas? »

Si vous choisissez ce que vous voulez croire et si vous rejetez le reste, comment pourrez-vous avoir un Dieu qui puisse vous contredire? Ça n'arrivera jamais. Vous aurez alors un Dieu essentiellement créé par vous-même et non pas un être avec qui il sera possible d'entrer dans un véritable rapport d'interaction. L'autorité biblique n'est pas l'ennemi d'une relation personnelle avec Dieu... C’est au contraire la condition requise pour que celle-ci puisse exister. 

1. Cette rubrique se veut un résumé du livre de Timothy Keller intitulé : «La raison est pour Dieu» et qui a été publié par les Éditions Clé en 2010, traduit de l'anglais par Sonia Artiguebert.